Lézarder à Sa lumière










« Celui qui s'oublie s'unit à L'Un dans la béatitude »
Bhaktimàrga 2-5-29


La soif de Lui est vraiment le moteur de l'amoureux de Dieu. C'est vrai que sans l'envie de Sa présence en conscience, la dimension de l'existence est moins profonde. Tout part de cette soif, alors ? Soif de quoi ? Au départ, chercheur, vous avez des concepts à ce propos : vous pensez lumière divine, sans savoir de quoi il s'agit, perfection, Libération, capacités extrasensorielles, etc. Une autre motivation très forte qui mène à La Voie est le puissant besoin de se mettre à l’abri. Pour avoir cette motivation il faut avoir reçu des coups !


Le fameux lâcher-prise...encore



Ensuite il y a ce fameux lâcher-prise, alors ? C'est quoi, finalement, ce fameux lâcher-prise ? C'est la bonne posture intérieure, ou état d'esprit pour observer l'agya et pratiquer les trois piliers de La Voie. Mais cette posture intérieure, cet état d'esprit on ne l'a pas forcément au début de notre pratique ! Pas plus que la compréhension. La compréhension vient avec l'expérience, qui elle-même vient avec la pratique, comme le lâcher-prise. Juste on met son linge sale dans le grand tambour du Saint-Nom et à un moment donné on cesse de vouloir tout diriger. Depuis tout petit on vous a habitué à prendre en main les événements, à vous assumer, on vous a vanté la force et la performance et on vous dit tant de mal de la passivité, comme si le lâcher-prise était de la passivité !

Le lâcher-prise n'est pas plus de la passivité que le non-agir n'est le rien-faire. Il y a des confusions comme ça...tenez, regardez la gentillesse : elle n'est pas de la faiblesse ! Le lâcher-prise c'est juste admettre l'évidence, que le résultat de vos actes n'est pas entièrement de votre pouvoir. Savoir ça demande du temps, un certain recul.


Faire, en attendant



En attendant faites ce qu'il vous faut faire, en n'oubliant pas que le résultat de vos actes ne dépend pas de vos seuls mérites. N'oubliez pas de remettre dans le Saint-Nom vos élans et vos peurs. Pratiquement il s'agit de faire la technique du Saint-Nom chaque fois que vous ressentez un mal-être intérieur, une tension négative. Méditez jusqu'à ce que le mal-être s'en aille et, s'il revient, fermez les yeux et recommencez. Recommencez à chaque fois qu'il revient vous troubler. C'est ça le lâcher-prise ! C'est très exactement ça ! Remettre les choses entre Ses mains, se tourner vers le Saint-Nom.

Le lâcher-prise c'est aussi accepter de ne pas être parfait. Le lâcher-prise c'est aussi lâcher l'ambition d'être bon : il n'y a pas à ambitionner d'être bon, un bon disciple, un bon dévot. Vous vous comparez à qui ? A quoi ? Quel est votre modèle pour vous comparer dans l'Observance et la dévotion ? Ce n'est pas un concours et il n'y a pas de notes pas plus que d'objectif à atteindre. Vous n'avez pas à être parfait, vous ne le serez jamais selon les critères de l'ego-spirituel. Vous êtes humain, un être-humain, simplement.


Vous aimez être dans le Saint-Nom ?



Juste si vous aimez être dans le Saint-Nom et que vous vous rendez compte que vous n'y êtes pas, mettez-vous-y ! Vous voyez comme c'est simple ! Alors ? Pourquoi vous tracasser ? Si, si c'est simple ! C'est ce que je fais et c'est simple. A chaque fois ça fonctionne : les relents du mental disparaissent et l'esprit s'allège. C'est comme si on revenait chez soi heureux. Le « Lâcher-prise » c'est juste de porter votre attention ailleurs et le Saint-Nom est là pour ça. Lâcher prise ça ne veut pas dire de ne plus vous occuper de rien. Vous devez faire ce que vous avez à faire, comme vous devez le faire et quand vous devez le faire, par exemple vous soigner quand vous êtes malade, classer vos papiers, faire le ménage, le linge et travailler quand vous avez du travail.

Mais toutes ces choses, vous pouvez parfaitement les faire en étant dans le service, c'est-à-dire en gardant une part de votre attention sur le Saint-Nom. Vous vous rendez vite compte qu'ainsi vous faites les choses mieux. Le service c'est non seulement de faire les choses au mieux, comme si Dieu vous regardait faire, mais c'est aussi de garder un peu de son attention sur le Saint-Nom. Il n'y a pas de postures ni de concepts, c'est pratique. Le service est un des trois piliers de La Voie.

Quand vous vous apercevez que ça fait une heure, deux heures, un après-midi, une journée que vous êtes dans l'attachement, l'attachement aux résultats, à vos concepts, à vos pensées, à vos désirs, à votre colère, à votre rancune, à vos peurs et à vos doutes, alors arrêtez-vous immédiatement et remettez-vous dans le Saint-Nom sans plus attendre, c'est ça le lâcher-prise. Remettez votre esprit dans le tambour de la machine à laver intérieure.

Acceptez qu'à ce moment-là, à ce moment précis où vous vous asseyez et où vous fermez les yeux pour méditer sur le Saint-Nom, acceptez qu'il n'y ait plus que Lui, que rien d'autre ne soit important en cet instant, qu'Il est votre priorité. C'est ça le lâcher-prise. Tout est une affaire d'adoration. L'adoration n'est pas de la bigoterie. L'adoration c'est la contemplation de Son amour, c'est de Le rencontrer, de Le reconnaître. Se laisser aller à Son amour comme le lézard se laisse aller au soleil. Fermez les yeux, faites le Saint-Nom et acceptez que pendant ces deux ou cinq minutes rien d'autre n'ait d'importance.


Sans la connaissance du Saint-Nom



Si vous restez dans vos idées, même spirituelles, ce n'est pas du lâcher-prise, ce n'est pas de la méditation. Les concepts mystiques ça peut être des gestes, des paroles de dévotion, des prières...La béatitude vient quand nous quittons nos pensées, dans l'abandon total au Saint-Nom. « Le chant, le jeûne, la charité, l'austérité, ne donnent pas la connaissance de l'âme, ne révéleront jamais ton âme, sans la Grâce du Saint-Nom, sans la connaissance de Ton Saint-Nom, aucun rite ne peut mener au but ». Ce sont des paroles de Aarti, un ancien chant dévotionnel chanté en Inde et elles veulent bien dire ce qu'elles disent. Le chant, les rituels sont nuls sans la Grâce du Saint-Nom, mais avec la Grâce du Saint-Nom tout prend un sens et c'est ce qui fait la différence entre la vraie voie et des rituels de l'ego-spirituel : le lâcher-prise par la méditation sur le Saint-Nom.

Ce ne sont pas les mots qui comptent, aussi beaux soient-ils, ce sont les actes. Vous pouvez passer trois heures à dire du bien de Dieu, mais si vous ne lâchez pas prise c'est inutile ! C'est ça la différence entre un concept et la vérité. Aucun mot ne peut remplacer un acte. Quand vous avez faim, le mot nourriture ne vous enlève pas la faim. Manger vous enlève la faim. C'est la même chose pour la Grâce. N'ayez pas l'ambition de le faire, faites-le. C'est quoi cette ambition d'être parfait ?! Le faux-ego fera toujours tout pour vous laisser dans la dualité, dans sa confusion. Il ira même jusqu'à dire du bien de Dieu et du mal de lui-même.

C'est celui qui ne médite pas qui préfère en parler, celui qui aime méditer il le fait et n'en parle pas, sauf pour le satsang ou répondre aux questions. Ce n'est pas facile de se lâcher quand on a l'habitude de tout faire, dans sa vie, de ne compter que sur soi. Alors, quand il s'agit de La Voie vous avez un peu de mal au début, alors persévérez.


Ne vous inquiétez pas



Ne vous inquiétez pas : « Tout vient à point à qui sait attendre » (François Rabelais). Faites ce que vous avez à faire et ayez confiance : ça vient, c'est en train de venir, c'est déjà là. Ne soyez pas trop sévère avec vous. Je sais qui est si sévère avec vous, juste pour vous décourager ! Des jours c'est bien, des jours c'est moins bien, il s'agit de continuer, d'avoir de la constance et les beaux jours de conscience viennent après la confusion. Vous avez le temps. L'agya et les trois piliers sont votre guide au quotidien pour ne pas vous perdre.

Vous avez tout. Vous voulez vous dépasser ? Pour quoi faire ? Marchez en harmonie avec vous-même. A quoi ça servirait de vous dépasser ? Allez à votre vitesse et soyez heureux. Tout est déjà là et chaque fois que vous vous en rendez compte, alors c'est là pour vous et quand ce n'est pas le cas, eh bien ce sera le cas encore : si vous y êtes arrivé une fois pourquoi voudriez-vous ne plus y arriver ? Il vaut mieux faire sans savoir que de savoir sans faire. La Voie est une pratique. La compréhension vient de l'intérieur, par la Grâce.