Ranger son esprit







 



Quand on vient de ranger sa chambre, c'est propre, chaque chose est à sa place, ce qui doit être sur un cintre est sur un cintre, ce qui doit être à la poubelle est dans la poubelle, ce qui doit être sur une étagère est sur une étagère, ce qui doit être plié est plié, ce qui doit être classé est classé, sur la table de nuit il n'y a que la lampe de chevet, un livre, un mouchoir et le réveil, le lit est fait et les rideaux sont propres et repassés.

Au bout d'un moment la chambre est de nouveau dans un état que la pudeur m'interdit de dire ici, tous les parents d'adolescents comprendront. Rien n'est à sa place, le linge propre est avec le linge sale, ce qui était repassé et rangé en boule par terre, la poubelle déborde sur le sol, le lit est en vrac, sur la table de nuit il y a des mouchoirs en papier usagés et roulés en boule, les livres d'école et les copies d'exercices sont en tas improbables, etc.

Il faut de nouveau ranger, jeter ce qui est à jeter, repasser ce qui est froissé, classer les papiers et les empiler d'équerre, changer les draps et refaire le lit, balayer, dépoussiérer, vider la poubelle, aérer, refaire des paires avec les chaussettes orphelines, ranger les tee-shirts avec les tee-shirts, les caleçons avec les caleçons, les pantalons avec les pantalons, etc. De nouveau cette pièce, la chambre, redevient agréable à vivre, un décor favorable à une vie humaine normale.


L'esprit



Dans l'esprit c'est la même chose : on range et au bout de quelque temps ça redevient aussi encombré qu'avant. On a de nouveau ce désordre dans la tête, des émotions qui ne font pas la paire avec les pensées, des impressions floues que l'on ne sait pas où ranger, des pensées mélangées, des doutes en vrac, des peurs sans raison précise, des certitudes sans fondements, des avis que personne ne demande, des idées dont on ne sait que faire, etc.

On refait le point, on range, on écoute, on lit du satsang, on médite, on reste dans le service, bref, on pratique les trois piliers et on observe l'agya. On retrouve le Saint-Nom, avec lui un espace intérieur reposant, qui inspire à l'harmonie, favorable à la béatitude. Notre esprit devient un écran blanc sur lequel projeter la lumière-intérieure. Le cerveau est clair, soulagé de toutes ces infos et sollicitations générées par le désordre. On peut penser clairement, rester le maître chez soi.

Il est aussi possible de ne pas ranger seulement de temps à autre mais de le faire tout le temps...ma mère me disait tout le temps : « Chaque chose à sa place et une place pour chaque chose ». C'est ce qu'il faut faire, en spiritualité, surtout quand on a été initié à La Voie et que l'on peut pratiquer les trois piliers. En restant dans le service durant la journée (Pratiquer la technique du Saint-Nom), autant que possible, en se ménageant régulièrement des pauses Saint-Nom (Cinq fois par jour), en lisant, en écoutant du satsang régulièrement, en méditant chaque jour régulièrement, on garde son intérieur rangé, propre, favorable à une vie harmonieuse.


La souffrance du désordre



Dans une existence en désordre chaque chose qui n'est pas à sa place prend une partie de notre attention, de notre conscience...oh ! Pas une grande partie, une partie infime mais à force ça finit par faire beaucoup et notre conscience se voit dispersée dans une infinité de petites choses, d'impressions, de pensées, de doutes, de peurs, d'émotions, de souvenirs et nous ne nous appartenons plus. C'est comme le disque dur d'un ordinateur, un disque dur fragmenté. Pour défragmenter le disque dur de notre conscience il est nécessaire de méditer et de garder sous contrôle son esprit par la pratique de la technique du Saint-Nom. Il faut rebooter son esprit régulièrement, c'est l'utilité des pauses Saint-Nom, quand on cesse toute activité, que l'on ferme les yeux quelques dizaines de secondes et que l'on médite.

Si on reste dans le désordre de l'esprit on est perdu dans ce désordre et il en résulte de la souffrance, de la fatigue, la perte de la joie, de l'optimisme, de la simplicité, bref, du bonheur. Si d'être heureux n'est pas la raison d'être de notre venue dans ce corps, sur cette Terre, en ce temps, il est mieux d'être heureux que malheureux. D'être heureux n'empêche pas l'accomplissement de notre raison de vivre. On ne peut pas en dire autant de la souffrance !


La confusion



Ce désordre, celui de l'esprit, c'est la confusion et quand on est dans la confusion on voit les choses, les gens, les événements de façon confuse, déformée. Ce qui est sans importance on lui accorde de l'importance, ce qui est important on n'y prête pas attention, on prend ce qui est faux pour la vérité et la vérité pour quelque chose de faux, on prend le désir pour de l'amour et l'amour pour de la faiblesse, etc. Il est vraiment nécessaire de remettre tout à plat !

Garder son esprit en ordre ce n'est pas de l'amour pour Dieu, de la dévotion...il n'est pas nécessaire d'être initié à La Voie, pas plus que de pratiquer les trois piliers et d'observer l'agya pour être un dévot. Dans les religions il y a des dévots, certains inoffensifs, d'autres dangereux. La Dévotion ne suffit pas. Avoir un esprit clair, en ordre, dans l'harmonie fondamentale du Saint-Nom, voilà une chose souhaitable ! Pour vous comme pour les autres. L'Observance vaut mieux que la dévotion. On peut ressentir la dévotion comme un sentiment mais un sentiment c'est du vent, comme les concepts, tandis que l'Observance c'est des actes et les actes vaudront toujours plus que les intentions, les idées et les sentiments.

Ce qui importe en premier n'est pas d'être dévot de Dieu, ce qui importe le plus c'est d'être concentré, pratiquant les trois piliers le mieux possible, avec constance, humilité et simplicité. Remettez les manettes de pilotage au Seigneur, c'est ce que le Tao-Te-King, le livre de Lao-Tse, qui était un maître parfait, nommait le non-agir. Sur La Voie c'est le service. La Bhagavad-Gîtâ, ou chant du bienheureux, un vieux livre indien, parlait lui aussi du service, le service de dévotion.

Les trois piliers et l'agya sont parfaits, en eux vous trouverez la paix et la vérité. Pratiquez les uns, observez l'autre et laissez la Grâce faire son œuvre. Tant que vous serez vivant ce sera comme ça. A cause de la liberté de le faire ou non, cette liberté que Dieu vous donne, il faut toujours décider de le faire ou non. Cette décision, vous n'aurez plus à la prendre quand vous serez mort. En attendant faites les choses et refaites-les. Ce n'est pas difficile de « Faire le Saint-Nom ». C'est bien de vivre dans une chambre propre et bien rangée mais il y a en nous quelque chose qui n'aime pas ça, qui déteste quand c'est propre et bien rangé, le faux-ego. Voulez-vous l'écouter et lui obéir ?