Donner










« Depuis toujours ceux qui veulent se donner rencontrent La Voie »
Bhaktimàrga 2-1-32


Vous êtes emporté



Vous êtes emporté dans un mouvement plus fort que tout et qui vous mènera au but. Quel que soit votre degré de compréhension, de conscience vous arriverez au bout du cycle. Alors qu'importe le temps que ça prendra, puisque l'éternité n'est pas pressée et puis chaque être vivant ne vit qu'une vie à la fois et n'a pas le souvenir de ses incarnations passées, pas plus qu'il ne peut deviner ce que seront ses prochaines incarnations.

C'est vraiment de la nourriture à mental de s'imaginer le nombre d'incarnations...c'est vraiment du travail d'imagination inutile ! Qu'importe, c'est en dehors de votre capacité de compréhension. Passer du temps à réfléchir à ça, c'est du temps et de l'énergie perdue. De réfléchir à ce genre de choses n'apporte rien. Les fruits de la réflexion mentale sont stériles sur le plan spirituel. Penser à ce genre de choses est aussi vain que si on pensait diriger la planète Terre, avoir une quelconque influence sur sa course dans l'espace, imaginez : la planète se déplace, autour du Soleil, à une vitesse de 107 219 km/h et dessus des êtres humains vivent, invisibles depuis l'espace, tant ils sont petits, et qui discuteraient pour décider qui la dirigerait !


Pourquoi discuter ?



C'est comme ça aussi pour le samsàra, le cycle des incarnations : vous n'avez absolument aucune maîtrise de ce phénomène, alors ? A quoi ça sert d'en discuter ? Vous êtes sur ce fleuve et il débouche sur l'océan, alors bien obligé d'y arriver aussi ! Que pouvez-vous faire, emporté sur ce fleuve ? Qu'est-ce que vos mérites et vos efforts peuvent faire ? Ils peuvent faire que vous soyez heureux d'être là, que vous ayez conscience de la Grâce dans votre vie. C'est la seule liberté que vous ayez, d'être content ou pas.

De deux choses l'une, soit vous avez conscience de Sa Grâce et vous êtes heureux de vivre, soit non et vous n'êtes pas heureux, vous avez peur, vous doutez et cherchez à vous battre contre un courant plus fort que vous. De toute façons vous arriverez au bout. Dans l'absolu ce que vous pouvez faire n'est rien, mais à votre échelle c'est important alors...puisque votre conscience est à votre échelle, faites au mieux dans cette existence. Vous n'avez que cette vie, en toute certitude, alors faites au mieux avec elle.

L'Observance (La pratique des trois piliers de La Voie) peut vous donner ça : une certaine maîtrise de votre état d'être. Au-delà du fait de pratiquer, il y a quelque chose d'important, il y a quelque chose que vous pouvez faire, à part ce que vous avez à faire, c'est avoir plus de béatitude, aller plus à la source de la paix. Mais les journées sont limitées, pour l'Observance, et il ne vous est pas possible de trop rogner sur vos heures de sommeil, alors quand vous êtes au maximum de pratique, pourquoi n'êtes-vous pas complètement satisfait ? Qu'est-ce qui vous manque ? Le don, parfois vous n'avez pas assez l'occasion de donner, cette pratique auto-centrée ne satisfait pas votre désir de donner. Il y a des gens comme ça, qui aiment se donner et d'autres non.


La nature a horreur du vide



Donner est un phénomène physique : quand vous donnez vous recevez, automatiquement, de la satisfaction, de la joie, une sensation de bien-être, d'accomplissement. Quand vous donnez, la nature ayant horreur du vide, le trou laissé, en vous, par ce que vous avez donné, se voit aussitôt comblé par de la joie, par la Grâce. Mais donner quoi ? On a tous quelque chose à donner : de son temps, de son attention, de l'argent, de l'amour, des chaussures, d'autres objets, de la compréhension, une oreille attentive...chacun selon ses moyens et son temps. Quand vous gardez quelque chose, vous possédez cette chose, c'est tout mais quand vous la donnez, cette chose qui ne vous est pas indispensable, vous recevez une injection de joie, de satisfaction.

C'est bien d'aller s’asseoir et de méditer profondément, il faut le faire mais pour qui le faites-vous ? Pour Dieu ? Non, bien sûr ! Vous le faites pour vous. C'est pour vous que vous pratiquez les trois piliers et que vous observez l'agya et c'est légitime, comment faire autrement ? Mais il vous manque de donner. Quand vous donnez vous recevez ce que rien d'autre ne peut donner. Le fait de donner, de se donner vous apporte une joie spirituelle. C'est comme le chocolat : il y a toutes sortes de chocolats et de qualités. La qualité de la joie spirituelle, que donne le fait de donner, est incomparable !

C'est pour ça que de braves gens, qui n'ont pas notre pratique spirituelle pour vivre, et qui désirent la Grâce de Dieu dans leur vie, se donnent et donnent : ils reçoivent cette Grâce, cette attention divine comme s'ils observaient l'agya et les trois piliers sans avoir reçu la Révélation. Les saints, les moines, les moniales ne sont pas idiots : s'ils « sacrifient » tant de choses ce n'est pas pour le plaisir de se sacrifier, ce n'est pas pour souffrir ! Ils reçoivent et ils reçoivent plus qu'ils ne donnent.

Aux yeux de certains visiteurs ils ont l'air tellement heureux et ces visiteurs s'en étonnent : « Comment de vivre une vie pleine de tant de sacrifices peuvent-ils, peuvent-elles être si heureux ? » mais parce qu'ils reçoivent plus qu'ils ne donnent, à ce moment-là les privations apparentes ne sont plus des sacrifices mais plutôt des « investissements ». Votre conscience est comme le bord d'une plage de sable, le bord le plus proche de l'océan où les vagues viennent finir : creusez dedans, enlevez du sable et aussitôt le trou se comblera d'eau.