-S'effacer




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Quand je m'amuse à parler des pouvoirs du maître-parfait (Satguru), je le fais parce que beaucoup de fantasmes circulent à ce propos, on parle de télépathie, de la faculté de se trouver en plusieurs endroits en même temps, comme le Bouddha historique était censé le faire, le pouvoir de lévitation, comme un yogi parfait en est capable (Siddhi), à en croire les mauvaises traductions du Yogasûtra, chapitre trois.

En vérité le plus grand des pouvoirs du maître-parfait est celui de s'effacer et potentiellement tout le monde à ce pouvoir. Il suffit de le développer à force de pratique, de pratique des trois piliers de La Voie. Sans capacité à s'effacer il est impossible de donner satsang. Je sais bien que beaucoup de gens disent donner satsang. Le mot satsang n'est pas déposé et tout le monde peut l'utiliser et affirmer, en toute bonne foi, donner satsang car pour eux le satsang est le fait de discourir à propos de la vérité. Mais le satsang est plus que ça. Dans un vrai satsang c'est le Saint-Nom qui s'exprime à travers la personne qui parle et pour que ce soit possible il faut que la personne, à travers laquelle passe le satsang, puisse s'effacer pour le laisser passer sans y mettre son grain de sel. Voilà le plus grand pouvoir d'un maître-parfait : donner satsang en s'effaçant.

Le fait de s'effacer ne permet pas seulement de donner satsang, il donne aussi la faculté de méditer profondément plus vite. Ce qui gêne, dans la méditation formelle, c'est ce « soi », fait d'idées préconçues, de concepts, d'avis, de souvenirs, de connaissances théoriques, de pensées. Ne plus tenir compte de ce « soi », voilà ce que c'est que de s'effacer !


La Grâce



Une personne proche m'a un jour demandé comment je sélectionnais, parmi tous les satsang qui ont été enregistrés, le satsang que je transcrivais et publiais sur le blog « Compagnie des sages » à un moment donné. Je lui ai répondu que je ne sélectionnais pas, que je les publiais à la file, dans l'ordre où ils ont été enregistrés et cette personne, ainsi que d'autres, s'étonnaient que la plupart du temps, à la lecture d'un nouveau satsang publié elle se disait « Ce satsang tombe pile, il répond exactement à mes préoccupations du moment ! ». Alors ? Comment est-ce possible si je les publie sans les sélectionner ? Et comment se peut-il que les satsang, au fur et à mesure qu'ils sont publiés, répondent aux aspirations du moment des pratiquants qui les lisent ? Je ne me l'explique pas et un mot me vient : « Grâce »...c'est la Grâce.

Une disciple me disait que c'était grâce à la « juste-vue » que je devinais le besoin de son âme et que je publiais et/ou devinais le satsang qui convenait à son âme quand elle en avait besoin. C'est vrai que la juste-vue est un autre pouvoir du maître mais la juste-vue n'est pas le pouvoir de prescience ! La juste-vue c'est simplement le fait de discerner, sans jamais se tromper, ce qui est bon, juste, vrai de ce qui est mauvais, injuste et faux. Quand on connaît intimement la source on peut comparer les choses et discerner ce qui vient de cette source et ce qui vient de l'imagination d'un mental sous mauvaise influence.


Le non-agir



S'effacer ce n'est pas prévoir, organiser les choses mais c'est le non-agir...ce non-agir qui n'est pas le rien faire mais le faire sous l'influence du Saint-Nom, par la pratique de  la technique du même nom. Lao-Tse a beaucoup parlé du non-agir, dans le Tao-Te-King mais pas seulement lui. Tous les maîtres parfaits ont parlé de ce non-agir, pas dans ce terme mais en d'autres. Krishna, dans la Bhagavad-Gîtâ parle du « service de dévotion ». Dans le Bhaktimàrga il est question du service aussi. S'effacer est une démarche active. Comme dans la méditation. Méditer c'est une activité, en même temps on n'y fait pas grand-chose ! Juste attendre la Grâce.

Un chasseur à l’affût, chasseur de palombe ou de canard, quand il est posté, caché et qu'il attend calmement, patiemment que les palombes ou les canards viennent se poser est l'exemple de ce qu'est la méditation. On attend, sans penser, en contemplant la beauté du silence. C'est ça s'effacer. Si les chasseurs aiment ces techniques de chasse à l’affût c'est à cause de cet état de méditation où les met cette longue et silencieuse attente. Ce n'est pas de tuer l'animal qu'ils aiment, c'est la méditation de l'attente. Ces chasseurs n'ont pas forcément la culture de la méditation, alors ils ne savent pas que cette paix qu'ils recherchent, à travers leur activité de chasse, est un besoin spirituel que la méditation peut satisfaire. Les gens qui font de la sophrologie le font pour les même raisons, souvent, cette soif que l'âme a naturellement de revenir à sa source durant son incarnation.

Quand on médite, on reste immobile, complètement, on respire calmement, on utilise la technique apprise (Une des quatre révélées pour les pratiquants de La Voie) et on n'y met pas du sien. On ne pense à rien, on ne désire rien, juste on se tient disponible pour ce qui vient de profond, de l'intérieur. La paix-intérieure existe, vous n'avez pas besoin de l'inventer, il suffit de vous mettre dans la bonne « posture » intérieure, ou état d'esprit, pour vous en rendre compte. C'est la même posture que durant le service, c'est l'essence du non-agir.


La combine



Dans la journée, quand je suis en service, que j'assume mon service de papa, vis-à-vis de mes enfants, de maître spirituel, vis-à-vis des disciples de La Voie, je ne me demande pas si je vais être capable de le faire ou non, juste je fais ce que j'ai à faire, comme il faut le faire et quand il faut le faire. Je n'oublie pas de pratiquer la technique du Saint-Nom, et quand j'oublie j'y reviens à chaque fois, c'est ainsi que je suis ouvert à la conscience de la Grâce.

Je vous donne la combine, faites comme moi ! Pour ceux qui ne connaissent pas la technique du Saint-Nom, demandez à la connaître, ça ne coûte rien. Bien sûr, il y a une petite période d'attente, avant qu'elle ne soit révélée, mais c'est pour que vous puissiez bien pratiquer ensuite. Beaucoup d'aspirants me demandent de leur révéler les quatre techniques et je les fais attendre un peu, je leur pose des questions et la plupart se lassent très vite et cessent de m'écrire. Je ne les relance pas, c'est leur liberté mais tant d'impatience et si peu de persévérance, c'est un signe de la faiblesse de leur motivation et sans une motivation forte il est inutile de recevoir les quatre techniques ! Les techniques demandent à être pratiquées. Il ne suffit pas de les recevoir.