Les sens du dedans










Les choses sont claires quand on retire les voiles de confusion, d'illusion qui sont devant nos yeux. On voit les mécanismes de la pensée, des émotions d'une façon évidente, après c'est une autre chose pour les expliquer, mais est-ce vraiment nécessaire ? C'est encore une autre chose de mettre en pratique les conclusions auxquelles on est arrivé après avoir compris les mécanismes du mental. Entre le vouloir et le pouvoir il y a un pas.

Ces histoires d'attachement, de détachement, de pratique du Saint-Nom en continu posent des questions, comme : est-ce que l'on doit s'attacher au Saint-Nom, c'est-à-dire pratiquer la technique pour se détacher du reste ou est-ce que l'on doit se détacher du reste pour réussir à s'attacher au Saint-Nom ? (à sa pratique) C'est flou tout ça pour la plupart des pratiquants. Souvent les choses ne sont pas si nettes et il faut « en même temps » s'attacher au Saint-Nom et s'efforcer à se détacher du reste. Mais qu'est-ce que le détachement ?


Le détachement


Le détachement est-il de l'indifférence ? Non, sûrement que non...si oui ça voudrait dire qu'il suffirait de jeter tous ses biens et d'aller vivre seul dans une grotte pour être détaché. Mais est-ce que, pour autant, si on faisait ça, que le Saint-Nom serait présent à notre conscience en chaque instant de chaque jour ? De quoi doit-on se détacher ? En vérité on ne doit pas se détacher des gens, de l'argent, de nos biens matériels...on doit se détacher de l'attachement. L'attachement est une chose en elle-même qui se colle, se cristallise sur tout. Ce n'est pas en éliminant les supports de l'attachement que l'on élimine l'attachement, c'est en éliminant l'attachement.

On ne peut pas éliminer l'attachement...c'est comme si vous pendiez dans le vide d'une falaise, agrippé à un petit arbre et qu'on vous disait : « Lâche cet arbre, aie confiance ! ». Mais si vous tendez une corde à la personne, une corde solide et bien assurée et que vous demandez à la personne : « Attrape cette corde ! » Vous auriez plus de chance d'être entendu. Cette corde c'est la pratique du Saint-Nom en particulier et celle des trois piliers en général.

Le fait de vous attacher au Saint-Nom suffit...ça ne vous détache pas du reste mais ça vous permet d'avoir des relations normales avec le reste. Ce n'est pas une question d'attachement ou pas, c'est juste une question de vivre son existence de la meilleure façon possible, comme il a été prévu qu'on la vive.

Beaucoup de gens qui ont le désir, la soif d'absolu se méfient de leurs sens et des plaisirs que ces sens procurent, aussi se privent-ils de ces plaisirs en privant leurs sens de belles choses à voir, à entendre, comme la musique, les plaisirs charnels et amoureux, des mets délicieux, le confort, etc. Mais nos sens n'ont rien à voir avec la réalisation spirituelle, ils ne sont pas des pièges capables de nous faire chuter ! Ce n'est pas des plaisirs dont on doit se méfier mais du désir. Quand on a faim, vraiment faim, et que l'on mange, si on y prend du plaisir c'est bien. Ce plaisir du manger est alors comme un remerciement. La faim, la soif, l'amour, la sécurité, le bien-être ne sont pas des désirs mais des besoins fondamentaux, légitimes qu'il est de notre devoir de satisfaire. C'est dans l'agya.


Les sens de l'âme


Mais si vous avez faim, est-ce utile de courir après une boîte de caviar pour satisfaire votre faim ? Si vous avez soif, est-ce vraiment nécessaire de boire un vin prestigieux et cher ? Non, de l'eau suffit à étancher la soif ! Quand on a soif, vraiment soif et que l'on boit de l'eau on y prend plaisir et ce plaisir n'est pas coupable. Vous voyez que les sens ne sont pas les ennemis de la spiritualité ! Au contraire ; saviez-vous que nos sens prennent racine à l'intérieur de nous ? Jusque dans notre âme ? Les sens de la vision, de l'ouïe, du toucher, de l'odorat et du goût existent aussi pour l'âme. Les sens de l'odorat et du goût n'en forment qu'un mais à part ça l'âme possède un sens de la vision, de l'ouïe, du toucher et de l'odorat-goût.

Sur La Voie il est révélé, aux aspirants qui en font la demande, quatre techniques, une qui satisfait le sens de la vision de l'âme, c'est la technique dite « de la lumière », une autre technique satisfait le sens de l'ouïe de l'âme, c'est la technique dite « de la musique », une autre le sens de l'odorat-goût, c'est la technique du nectar et la dernière le sens du toucher, c'est la technique du Saint-Nom. Avec la pratique quotidienne de ces techniques on réveille les sens de l'âme.

Quand on pratique la technique dite « de la lumière » on ferme les yeux et on regarde à l'intérieur. Attention, fermer les yeux n'est pas la technique, même s'il est nécessaire de d'abord fermer les yeux. Quand on pratique la technique de la musique on ferme ses oreilles et on écoute à l'intérieur. Quand on pratique la technique du nectar on sent, on goûte à l'intérieur et quand on pratique la technique du Saint-Nom on touche, en soi, à la paix. C'est ça que symbolisent les trois singes du zen, vous savez, ceux que l'on voit se boucher les oreilles, les yeux et la bouche, en même temps que le nez pour le dernier. Ils symbolisent les techniques de La Voie, celle de la musique, pour le premier, celle de la lumière, pour le second et celles du nectar et du Saint-Nom pour le troisième.


L'intérieur et l'extérieur


La pratique de la méditation, du service sont des pratiques qui vous tournent vers l'intérieur mais ça ne vous isole pas : ce que vous trouvez à l'intérieur se trouve en chaque être vivant comme en toutes choses et vous savez, quand un photographe prend du recul, avant de saisir un instant, une lumière, ce n'est pas pour s'en isoler ! En allant à l'intérieur vous vous unissez à l'Unité et l'Unité est partout, même dans la dualité.

L'amour du Saint-Nom est partout et s'il est partout il est aussi à l'intérieur de moi, mais qu'est-ce qui est le plus proche de moi ? Partout ou à l'intérieur de moi ? Sur quoi je peux compter le plus, durant ma vie dans cette existence ? Sur les autres ou sur moi ? C'est pour ça que je vais chercher l'amour à l'intérieur de moi, plutôt qu'à l'extérieur et si je le trouve aussi à l'extérieur de moi, comme je le fréquente beaucoup à l'intérieur de moi, je sais le reconnaître ! Je sais si cet amour de l'extérieur et le même que celui que j'ai à l'intérieur, si c'est un vrai amour ou un autre amour.

Quand on n'est pas dans une situation matérielle insupportable, comme pour beaucoup de gens dans le monde, qui manquent de nourriture, d'eau, de paix et de droits, quand on est comme beaucoup de gens des pays considérés comme riches, on peut avoir une belle vie, à condition d'avoir un bon regard, un bon point de vue même si le bonheur n'est pas le but de notre venue sur Terre.